La période sabbatique « coronaienne » et le congé indéterminé forcé, payé pour les uns,et sans solde pour les autres,a bouleversé et changé de fond en comble notre mode de vie familial.Un mode jamais connu et jamais vécu par nos grands , moins grands et, a fortiori, par nos enfants. La période de confinement aurait été heureuse pour certaines familles et, lassante, exaspérante et fort malheureuse pour beaucoup d’autres.
O! temps! suspends ton vol!
Heureuse, pour les couples menant une vie conjugale harmonieuse, dominée par un courant d’amour et d’affection réciproques, davantage soudée et cimentée par le fruit cher de leur pure chaire.
Une vie à laquelle les contraintes professionnelles n’auraient cessé de s’opposer, au quotidien, à leurs belles et paisibles unions et réunions, ayant séparé les éternels « Rodrigue et Chimène » cornéliens, ayant toujours soif de vivre ensemble le plus longtemps possible des moments ineffables et savoureux, l’air de se dire ce que disait Alphonse De Lamartine dans son célèbre poème « Le Lac »: « O ! temps! suspends ton vol et vous, heures propices, suspendez votre cours ! Laissez nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours ! »
Une stabilité dans … L’instabilité !
Cela dit, je passe tout de suite aux familles que le terrible corona, avec son cortège de contraintes exceptionnelles, ont placés aux antipodes. A mon sens, ces familles sont hélas ! majoritaires dans nos murs et peut-être aussi, sous d’autres cieux et dans d’autres murs; « Dieu est seul et unique pour tous », dit notre dicton populaire.
Dans de tels cas, rien n’aurait lié le duo, semblant uni, rien que pour cohabiter dans le pire. Sauf un hypothétique contrat , en éternelle instance de déchirure et rupture. Et aussi,une progéniture menacée de dissoute familiale et « stabilisée dans l’instabilité! « Ne se supportant presque jamais dès le lendemain de leur mariage et leur voyage de noces,ces conjoints seraient, dans ces longues semaines de ce diable de corona, en éternel état de belligérance.
Pour un non ou pour un oui, l’étincelle jaillit. Pour le simple choix du menu du jour, entre couscous et macaroni ,pour un plat légèrement salé ou pimenté, la table est renversée, devant une ribambelle de bambins effrayés et paniqués !
« Ventre creux, n’a pas d’oreilles »
La cuisine est souvent le champ idoine de bataille des inlassables belligérants.La maîtresse du foyer si contestée par le maître des lieux, se voulant incontestable ,est mise hors de ses gonds, lorsque son partenaire et ennemi juré met les pieds dans sa prétendue « chasse gardée », pour ôter le couvercle de sa marmite si sacrée et y fourrer le nez pour inhaler l’odeur revigorante. de la sauce tomate appétissante. Ceci dès qu’il ressent un creux du ventre et une faim avérée .
Bien que prestement chassé par la ménagère de sa chasse gardée,le pantouflard malgré lui continue à y tournoyer et poireauter, cherchant vainement à mettre quelque chose sous la dent et répondre aux appels insistants d’un estomac crevant d »impatience d’être secouru..Aussi, ne dit-on pas que « ventre creux n »a pas d’oreilles ».
« Le chat et la souris! »
L’alerte générale est terriblement déclarée à cors et à cris ,par la ménagère gagnée par la rage et mise en furie, lorsqu’elle décide le grand ménage , en l’absence de sa femme de ménage.Malheur alors à celui qui mettrait les pieds et les souliers sur un carreau nettoyé. Cela serait un grave péché et un impardonnable « lèse-majesté »!
Il serait traité de tous les noms d’oiseaux, à commencer par son éternel souffre douleurs et « le père des oiselets », indéfiniment cloué là dedans,et interdit manu militari de prendre de l’air dehors. A voir ces couples se quereller à longueur de journée par ces temps de pandémie honnis et de confinement synonyme de paralysie et vivre l’ invivable conflit, entre « le chat et la souris », l’on est enclin à se demander comment les conjoints si désunis auraient pu et su s’accorder de petits moments de répit,dans la stricte intimité, pour procréer et lapiner.
Dans le « souricière » du couvre feu !
Maintenant que les maîtres des foyers ne sont plus maîtres de leurs mouvements et sont pris dans la « souricière » du couvre feu et du confinement, privés de sortie avec leurs cercles d’amis,pour jouer au belote ou au rami, dans les cafés aujourd’hui fermés, ou se crever la poitrine par ces nocifs narguilés, cherchant à fuir la bagarre avec leurs farouches moitiés, il leur est vivement recommandé de revenir à de meilleurs sentiments sans beaucoup tarder et décider une trêve corona qui les mettrait à l’abri du risque de se voir cloués au lit entre mort et vie , frappés par l’épidémie . Car, en se faisant mutuellement « taper sur le système », leurs systèmes immunitaires en prendrait un coup !
Pour la paix des braves
Donc, vivement la réconciliation! et la paix des braves, pourquoi pas pour toujours et même en dehors de ces tristes jours; La vie étant courte, ne mériterait- elle pas, nom de Dieu ! d’être mieux vécue et bien vécue ?
La vie dans le chagrin et la tourmente n’est- elle pas diantre! Une mort lente qu ‘on souhaiterait plus rapide ?
Pourquoi donc cette hâte pour le trépas, alors que le bonheur de vivre et la joie sont à deux pas ?